dimanche 7 janvier 2018

Pourquoi je suis et je resterai Charlie


Cette phrase qui a pris tout un sens il y a trois ans et qui apparemment s'estompe aujourd'hui. Mais pourquoi sommes nous donc Charlie? Pour ma part, cette appartenance ne démontre pas une adhésion à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo mais bien un soutien à la liberté d'expression. Je suis contre toute restriction de la parole et contre tout autoritarisme religieux ou politique. 

Avant les attentats du 7 janvier 2015 je n'avais jamais lu un seul exemplaire de l'hebdomadaire et pourtant au lendemain des attaques j'ai couru acheter le numéro qui s'est arraché en kiosques (tirage record de 7 millions d'exemplaires). Et ce fut le seul et l'unique. Car c'était un achat de soutien, à la fois pour que ce journal puisse survivre à la perte de ses 12 membres et pour signifier à ses assaillants que je/nous soutiendrons toujours la liberté d'expression qu'elle plaise ou non. 

Charlie Hebdo tacle tout le monde sans discrimination. Les juifs, les musulmans, les politiques, les stars… (et non je n'ai pas compté qui est le plus attaqué 😅). Mais c'est le but d'un journal satirique qui est nécessairement trash. On ne peut pas le comparer à un hebdomadaire classique qui doit garder un ton neutre. Je n'ai pas aimé la une qui se moquait du père de Stromae ni celle qui se moquait de "l'islam, religion de paix". Mais heureusement j'ai le droit de ne pas y adhérer. 

Alors ce billet s'adresse d'abord à ceux qui se disent "je suis pour la liberté d'expression" mais qui à la moindre satire ou moquerie crie au scandale. Une blague peut être bonne ou mauvaise. Mais la liberté d'opinion ne peut pas être supportée un jour et atténuée le lendemain, elle est reine tant qu'elle ne nuit pas à autrui. 

Vous qui défendez le journal quand il est attaqué par des terroristes puis êtes offusqués en voyant la une consacrée à Johny entouré d'appareils médicaux. Si vous dites que Charlie ne peut pas blesser de la sorte ses fans c'est que vous n'avez rien compris. Ou ces politiques qui sont les premiers à courir devant les médias pour se dire "Je suis charlie" puis qui saisissent le CSA pour dénoncer une "blague indigne". Et notre cher Président qui souhaite gérer les fake news sans toucher à la liberté d'expression, quel coup de maître s'il y arrive. Manuel Valls qui dira sans une once d’hypocrisie, qu’etre Charlie c’est être pour le débat et la contestation. L'esprit Charlie c'est celui qui nous a fait descendre par millions dans la rue pour défendre la liberté de la presse et la caricature. Alors pourquoi Mr 49-3 demande aux inrocks de s'expliquer sur sa boutade? Perso, j'ai bien ri. 

L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 énonce ainsi : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi".  La liberté d’expression devient un principe constitutionnel en France en 1946. En fait ce qu'il faut faire c'est la distinction entre les attaques contre les personnes et les critiques de pensées ou croyance, ce qui ressort justement du droit français. Dieudonné a été condamné pour une incrimination bien précise, apologie d'actes de terrorisme. Par contre le délit de blasphème n'existe plus dans notre droit, on peut donc se moquer des signes religieux ou les rites sans tomber sous le coup de la loi et on ne peut donc pas le reprocher à un journal, même si à titre personnel on est touché. 

Charlie hebdo a toujours eu vocation à dénoncer en s'attaquant à des choses horribles comme des tueries ou des guerres. On peut s'en offusquer. Mais en étant Charlie, c'est la liberté d'expression que nous soutenons, pas leur propos. 

"Liberté d’expression, de rassemblement, d’association, droit à la vie privée : ces droits fondamentaux recouvrent des réalités très différentes. Mais ils sont menacés partout, y compris près de chez nous, où, au nom de la sécurité, des lois et pratiques restreignent de fait les libertés publiques." Amnesty International. 



lundi 1 janvier 2018

Rétrospectivement

Les années filent et se ressemblent. Je suis née lors du second mandat de François Mitterand, je me suis intéressée pour la première fois à la politique lors du fameux second tour opposant Jacques Chirac à Jean Marie Lepen et j'ai commencé à voter lors des européennes de 2009. Les têtes d'affiche changent mais la politique reste la même. Pas vrai?
Pour être honnête avec vous je n'ai pas de couleur politique "fixe", je ne suis membre d'aucun parti car je me retrouve nul part. Quelqu'un a dit sur twitter un jour, qu'à la naissance nous sommes tous majoritairement de gauche car étant enfant nous voulons aider notre prochain et sommes émus de voir la misère dans le monde. Alors les personnes de droite ressortent de la maternité en polo et pensent à leur gain dès la cour de récréation?
Moi je suis plutôt ultra humaniste, utopique sur les bords en espérant éradiquer la pauvreté et toutes les misères du monde… On croirait presque que je suis retournée en CE2 face à Maitresse Brigitte qui m'interroge sur mon grand projet dans la vie.


J'ai arrêté de regarder les infos à la télévision pour éviter de subir l'hypocrisie des présentateurs qui glissent un sourire ou lâchent une remarque subjective défiant toute neutralité de leur fonction.
Je regarde le fil d'actualité des sites internet, je m'arrête bien trop souvent sur les articles relayés en arrière plan pour ne pas m'étouffer avec les articles de première page qui se ressemblent tellement.
Mais cette année 2017 a été particulièrement mouvementée!

Nous finissions l'année 2016 par l'atroce concert de Mariah Carey à NY (sorry) et le choc de la défaite d'Hillary Clinton que nous devions déjà supporter l'investiture du célèbre monsieur à la perruque jaune. L'impossible se réalisa, comme quoi il ne faut jamais sous estimer une personne.
Il a fallu digérer les premières décisions de Donald Trump sur l'immigration car la course à l'élection française battait son plein entre Emmanuel le phénomène des médias, François la "valeur sûre" de la droite et les petits personnages qui se battaient pour la représentation de la gauche. Non non je ne me moque pas d'eux mais une primaire est toujours un évènement qu'ils ont réussi à transformer en un non-évènement tant leur bataille était pathétique. Lorsque Manuel Valls a été éliminé l'adrénaline est bien monté je vous l'accorde, mais je ne comprends toujours pas comment Benoit Hamon a pu faire profil bas après sa victoire face aux ex-tenors de son parti. Le président neutre François Hollande aurait-il magouillé pour faire exploser son protégé? Je devrais postuler à Hollywood pour écrire des scripts  😄

François Fillon, je le désignerai volontiers homme de l'année. Il s'est battu face aux médias, il a défendu sa femme, il a porté les couleurs de son parti jusqu'au bout et il n'a jamais abandonné. N'est-ce pas les qualités attendues pour exercer la fonction suprême? Ou alors je lui offrirai un poste de professeur d'art dramatique aux cours Florent, puisque sa prestation a été digne des plus grands acteurs 😂 C'était une élection impossible qu'il a mené à son terme et concernant sa condamnation on peut toujours attendre je pense que la justice est débordée.

Et puis il y a eu l'éclatement de la crise Rohingya, exposée au grand jour mais qui au final depuis le mois de septembre n'a connu aucune avancée. C'est une crise de grande ampleur, laissée à la merci de l'état birmanique depuis bien trop longtemps. La volonté et la motivation de la Love Army de Jerome Jarre sont à saluer certes, mais cette initiative a posé beaucoup de questions. Ils ont récolté une somme assez importante grâce à leur communauté de fan mais cet argent est injectée dans la survie des camps de réfugiés, à court terme donc.  Leur mouvement a été critiqué car le groupe n'aurait pris contact avec aucune organisation sur place et aurait agi en toute indépendance. Je salue sincèrement leur implication, chers présidents prenez-en de la graine, mais soyons honnête, cet engouement était éphémère. L'argent a été récolté, la Love Army l'a redistribué et puis? Un accord a été trouvé entre le Bangladesh et la Birmanie pour commencer les rapatriements; mais quel avenir pour ces familles décimées, traumatisées? Leur offre-t-on une garantie de sécurité? Ils n'ont pas besoin d'argent à proprement parler mais d'un espace vital où ils pourraient vivre et travailler sans aucune censure ni persécution. Mais se préoccuper de leur sort n'arrange ni l'Etat birmanique bien trop habitué à brimer cette minorité, ni les grands états du G8 qui n'ont aucun intérêt à agir dans cette partie du globe.

Et ce n'est pas le 1e janvier 2018, journée des grandes résolutions miraculeuses, qu'une solution sera apportée à ce problème ni même aux 140 000 SDF toujours à la rue en France, à Antonio le tristement célèbre SDF de la faculté de droit de Strasbourg ou à la crise migratoire qui cumule les victimes dans le silence.

Je souhaite qu'en 2018 ou du moins dans un avenir proche, la crise éco, la crise migratoire, les séquelles de la guerre en Irak, la guerre au Yemen… soient réellement traités et non utilisés par intérêt médiatique de façon temporaire par des personnages en manque de visibilité. Je veux rester positive malgré l'actualité débordante de mauvaises nouvelles mais il faut admettre que l'humanité régresse. Le terrorisme "terrorise", certains vivent dans la peur de l'autre,  la haine et la colère ont  été décuplé. Ces événements ont créé de la distance avec "l'autre" que l'on ne connaît pas et que l'on a décidé de détester.



Bref, les années filent et se ressemblent, en se détériorant peut-être. Souhaitons-nous plus d'amour.

Au revoir 2017 et bienvenue 2018.

"Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde" Jean D'Ormesson.